La France et ses 36 000 communes! On se borne à voyager dans le monde entier et on ne connaît même pas le village qui se trouve à 10 km de chez nous!. Lors de mes déplacements, quels qu'ils soient , je suis toujours surpris de constater, que dans le moindre petit village, subsiste une église et je rage de ne pouvoir y mettre les pieds, de connaître les anecdotes dont elle a pu être le témoin....
Avant tout chers lecteurs, je dois vous avouer que ce reportage comporte un descriptif architectural très important...
J'espère que cela ne vous découragera pas... car cela en vaut la peine!
Imaginez....nous sommes au XVème siècle...la guerre de 100 ans n'est toujours pas terminée et quand on ne se fait pas détrousser par les anglais, ce sont les mercenaires au service des français qui commettent les mêmes exactions...
Les temps sont durs dans nos chères Ardennes de cette époque...
Mais il existe à une journée de cheval de Reims, une ville importante, fortifiée car aux limites du royaume de France, et surtout riche, grâce à son abbaye...
Imaginez, frêles pélerins, familles apeurées, orphelins qui arrivent en vue de cette ville et qui aperçoivent enfin les tours majestueuses de l'église.
Il faudra d'abord, à ces réfugiés passer par la porte de Bourgogne car l'abbaye n'est pas fortifiée. En effet, depuis les romains, la ville bénéficie de remparts et autres ouvrages défensifs. Pas nécessaire donc de fortifier l'église.
Les murs sont épais et rassurants. Et c'est seulement la porte passée que l'on arrête enfin de regarder anxieusement derrière son épaule et que le père de famille éprouve la satisfaction d'avoir mené en ces lieux ses enfants.
Pour remercier le Seigneur et espérer l'aumône des moines, on pressait le pas vers la silhouette rassurante de l'église...
Le pas de plus en plus assuré, les réfugiés devaient hésiter un court instant tant l'abbatiale est impressionnante:
Et après, en pénétrant à l'intérieur, le temps s'arrêtait...c'est du moins l'impression que j'ai ressentie en descendant les quelques marches qui mènent dans la nef (eh oui descendre! mais à l'époque on devait gravir deux marches).
Chers visiteurs,
partons à la découverte de l'architecture de ce lieu ardennais exceptionnel!!!
Commençons par l'extérieur...
Contre-forts surmontés de pinacles sculptés sur lesquels reposent des arcs-boutants dont le rôle est de contrer la poussée des voûtes.
De nombreuses têtes sculptées ornent les murs de l'édifice; leurs aspects effrayants est là pour rappeler les dangers du monde et de l'enfer...
Et voici le portail avec son tympan du XIIIème siècle.
Le registre supérieur, très dégradé représente le Christ couronnant un Saint.
Le registre médian représente de gauche à droite L'Annonciation, le couronnement et la Visitation de la Vierge.
Le registre inférieur représente La Dormition (la Vierge sur son lit de mort): à droite le martyre de Saint-Arnould et à droite celui de Saint-Victor.
Entre les deux portes (au trumeau) est représentée une statue de la Vierge.
Retournons à l'intérieur...
"Du fond de l'édifice, quand on regarde vers le choeur, on est tout de suite émerveillé par l'harmonie des proportions, par l'éclairage diffusé par les nombreuses verrières et par l'ambiance provenant de la couleur des pierres".
Cet autel avec son grand baldaquin en bois doré, ses colonnes en marbre rouge est de style baroque. Il est étincelant !Ce style veut réaffirmer la gloire de Dieu à une époque où la foi était remise en question...
Les autels des chapelles de l'abside sont de la même période.
Les stalles au nombre de 54 étaient réservées au clergé. Equipées de "miséricordes" (siège se relevant pour permettre aux moines de chanter debout tout en soulageant leurs jambes). Sorte d'hypocrisie...?
On peut voir que la première est finement sculptée...c'était celle du plus haut dignitaire présent...!
curiosité: la cellule de la recluse. La mère d'un des moines avait décidé de se faire emmurer. Un trou permettait de la "ravitailler" et de lui faire entendre les offices...
Montons à présent d'un étage....Nous arrivons dans les tribunes .
Les tribunes servaient à l'époque aux moines pour rejoindre l'abbaye ainsi qu'aux pélèrins qui pouvaient faire ainsi le tour de l'église et prier dans les chapelles aménagées.
On aperçoit des voûtes de soutien...
Voici quelques prises de vues, magnfiques non?
Allez, un peu de vocabulaire:
On appelle ce style le Premier Art Gothique qui se traduit par un équilibre architectural équilibré.
Tout en bas, les grandes arcades: 7m50.
1er niveau: les tribunes: 5m
2nd niveau: le triforium fermant les combles avec ses voûtes trilobées: 2,50m
Les fenêtres hautes éclairant la nef: 5m.
Voûtes sexpartites de la nef et "barlongues" dans le transept au fond (quadripartites).
Clef de voûte romane représentant Saint Pierre. On peut apercevoir les restes d'une fresque. A cette époque, l'église est entièrement peinte.
Admirons l'orgue:
Le buffet est classé Monument Historique depuis 1974 Il est exceptionnel d'équilibre et d'ornementation.
Terminons par la charpente...
Nous sommes dans une des tours.
Voici la charpente du toit:
Tout est suspendu pour ne pas effondrer le toit!
Voici l'envers d'une voûte.
3 cloches
Voilà, la visite est terminée...il y avait encore tant de choses à dire, à expliquer, à découvrir...le mieux serait que vous y alliez non?
Ah oui, c'est à Mouzon!
Ce reportage n'aurait pas été possible sans les explications d'un homme passionné et passionnant à écouter, Monsieur Paul Motte ainsi que son comparse au rire aussi clair que la sonorité de son orgue, Monsieur Jean-Philippe Gélu!
Merci à eux.!
Plus d'info: amismouzon.free.fr et http://orgue-mouzon.org
Une dernière chose: au retour, arrêtez-vous à Douzy et observez le toit de l'église:
Vous ne voyez rien? Approchez vous d'un peu plus près...
Elles ne sont pas belles nos Ardennes?!