Chers lecteurs,
depuis le temps que, apercevant sa silhouette depuis l'autoroute dans le sens Charleville-Rethel, je m'étais promis d'aller la voir. Ce jeudi 28 juin, le premier jour du mois de juin où il faisait aussi beau, je pris la sortie, direction Novy-Chevrières...
De l'extérieur, on remarque deux choses: les puissants contreforts qui en dessinent l'architecture imposante et le petit clocher, que l'on nomme un "campanile". Pourquoi un tel petit clocher sur une église abbatiale aussi massive: l'explication me fut donnée par mon guide, homme passionné et passionnant qui a bien voulu me faire une visite privée, M JF Janes.
Si j'ai bien retenu les explications, l'édifice actuelle, l'église Saint-Pierre était conventuelle, c'est à dire qu'elle ne servait qu'aux religieux de l'ancienne abbaye. Pas besoin d'un énorme clocher pour rythmer la vie des religieux! Par contre, il existait une église paroissiale, (à gauche sur la première photo), sans clocher et qui servait à la population. On appelait les villageois en faisant sonner une cloche installée dans le cimetière. Cette ancienne église est désormais une maison d'habitation.
C'est pour cela qu'il n'y a pas non plus de portail "digne de ce nom"; l'entrée actuelle fut percée après la révolution.
Lorsque l’on pénètre à l’intérieur, on ne peut que rester bouche bée : la nef est grandiose, voûtée d’ogives avec collatéraux. L’abside est à cinq pans. Les verrières du chœur sont d’une hauteur démesurée; partout la lumière est omniprésente!
Des plaques sur les colonnes indiquent que l'église fut consacrée par un évèque.
Le choeur présente plusieurs particularités: il contient deux autels d'origine ainsi qu'un troisième (une simple table). Pourquoi?
Avant, le prêtre était de dos lors des différents offices. Ce que j'appelle les "supports" pour poser les objets du culte étaient alors construits de manières à être face au prêtre et donc de dos au public. Voulant changer cette façon de procéder, on construisit des autels au centre des choeurs afin que le prêtre puisse se positioner derrière, face aux fidèles.
(vue des deux autels en marbre, au premier plan, les angelots adoucissent l'imposante stature)
Vous aurez observé le magnifique retable baroque...
Deux autels latéraux, l'un dédié à la Vierge à l'Enfant en pierre dorée dont les bas-reliefs représentent les habits liturgiques, l'autre à Saint Jean-Baptiste, avec bas-reliefs composés d'objets du culte.
Mon guide me dira avec un sourire, que cette Vierge dorée est beaucoup plus "féminine" que les habituelles représentations. On peut y voir même un petit air de Marianne....Tout cela est bien entendu subjectif...
J'attire maintenant votre attention sur la magnifique chaire à prêcher du XIXème siècle. Elle présente, non pas quatre panneaux de bois avec chaque évangéliste: Saint Jean, Saint Luc, Saint Marc et Saint Matthieu, mais seulement deux panneaux avec chacun deux évangélistes.
Et que dire du buffet d'orgues avec son décor somptueux: anges sonnant la trompette, médaillon avec les instruments de l'époque, armoiries du prieuré. N'en déplaise à mon ami organiste de Mouzon (M Gélu!) ce buffet peut rivaliser de splendeur avec celui de l'église abbatiale de Mouzon. On accède à l'instrument par un magnifique escalier en fonte posé après la révolution.
(la croix sur la colonne indique la consécration de l'église)
De nombreuses statues ornent la nef: deux moines bénédictains, deux Saint-Pierre, un Saint-Roch ainsi que de nombreuses toiles:
Baptème du Christ Mise au tombeau
Saint-Roch sans ses attributs habituels.
Pour en savoir plus : http://roch.jaja.free.fr/
Christ en croix avec un angelot faisant office de console.
Un magnifique lutrin en forme d'aigle jouxte le choeur:
l'aigle de Saint-Jean bien sûr, malheureusement associé aux emblèmes Bonapartistes et de l'armée allemande....
Autre curiosité, les traces en bas à droite des fonts baptismaux pourraient être les vetiges d'un ancien mécanisme d'ouverture de porte avec contrepoids.
Il y a tant à dire, à découvrir, le mieux serait que vous y alliez! Non?