Chers lecteurs,
le 11 novembre approche et avec lui le temps des commémorations dans chacun de nos villages. Certains rechignent à piétiner 5 minutes dans le froid et le vent pendant que nos braves poilus s'enlisaient dans la fange des tranchées.les "Mort pour la France" vont résonner dans les rues des 36 000 villages français.
Les soldats à qui je vous propose de rendre honneur ne sont pas morts pendant la première guerre mondiale mais se sont sacrifiés un 15 mai 1940, pour défendre un pays qui leur était totalement inconnu. Ils sont morts en braves ces soldats du Maghreb, les farouches spahis...
Pour emprunter le sentier des spahis, allez-vous garer sur la place du village de La Horgne, jadis célèbre pour ses marchands de chevaux.
Contemplez le magnifique tilleul, planté l'année où Napoléon épousa Marie-Louise d'Autriche.....
Vous ne vous souvenez plus? C'était en 1810.
A droite de l'église, un mémorial est érigé pour rendre hommage à ces vaillants combattants, humbles héros longtemps oubliés de cet épisode tragique de l'Histoire de France. Il faut cependant noter que des européens, les futurs "pieds-noirs" faisaient aussi partie de ces régiments composés il est vrai, à grande majorité par des soldats issus des colonies. Mon grand-père a fait partie du corps des spahis...
En voici l'inscription:
"À la gloire des Spahis morts au champ d'honneur
Ici, le 15 mai 1940 la 3ème Brigade de Spahis montés
(2ème Algériens et 2ème Marocains) s'est sacrifiée
pour briser l'avance de la 1ère Division blindée allemande.
La Horgne 15 mai 1940."
Pour commencer la balade, dirigez-vous vers une reproduction de soldat accolée à la mairie, prenez la direction du cimetière au-dessus duquel flotte le drapeau tricolore, car un grand nombre de ces valeureux soldats coloniaux sont enterrés ici...
Voici ce qui s'est passé ce fameux 15 mai 1940....
(sources: http://alsacereserve.jeun.fr/t2039-la-bataille-de-la-horgne)
"Dès 08.00 h, les III° et I°Bataillon du Régiment de Fusiliers n°1 de la 1°Division Panzer du général GUDERIAN venant de Singly sont au contact.
Le 15 mai au matin, les positions françaises sont survolées à basse altitude par la chasse allemande et attaquées par des blindés légers bientôt suivis de blindés lourds appartenant à la 1ère Panzerdivision.
Stoppées dans la matinée à l'issue de deux fortes attaques, les unités de la Wehrmacht engagent des manoeuvres de contournement et s’emparent petit à petit des positions clés tenues par la 3ème brigade de Spahis.
La 3°BS s'est barricadée dans La Horgne. Chaque ferme est transformée en blockhaus. Un PC de Corps est dans l'église, armé d'un canon antichar de 25 mm tirant par un trou pratiqué dans le mur.
L'attaque ennemie démarre à 09.00 h. Les Allemands doivent réduire un par un chaque point de résistance.
La bataille fait rage.Les pertes sont nombreuses de part et d'autre.
La résistance de la 3°BS est d'autant plus remarquable que ses moyens sont modestes, mais elle doit finalement se replier sur La Horgne au risque d'être totalement submergée sous la pression des chars allemands.
Les 3 canons anti-chars de 25 et 37mm de la Brigade détruisent 12 blindés allemands avant d'être anéantis à leur tour.
La Brigade réussit alors à décrocher en ordre dispersé, dans des conditions très difficiles.
Les spahis n'ayant plus de munitions et totalement encerclés ne se rendent pourtant pas. Spahis marocains et algériens réussissent à repousser les nombreux assauts de cette unité blindée sur le village de La Horgne et détruisent 16 de ses panzers. Sommés de se rendre, les spahis répondent par leurs fusils, leurs grenades et une témérité incroyable.
Joseph Maggiani, spahi au 2e RSM, témoigne :
« La Horgne est en feu, il est peut-être 17 h 30 lorsque l'ordre de décrochage nous parvient. Nous sommes serrés de près par un ennemi qui nous tire dans le dos. Les champs, à découvert, nous semblent immenses à traverser. A 100 mètres à droite, un spahi d'une autre unité est touché, il est pris en charge par ses camarades. Enfin, nous retrouvons nos chevaux. »
C'est ainsi qu'un escadron de spahis se lance dans une charge à cheval, aussi héroïque que suicidaire, contre les blindés allemands qui font un carnage. Les hommes valides tentent de percer les lignes allemandes et de nombreux survivants parviennent à le faire.
Les allemands sont abasourdis lorsqu'ils apprenent que seule une brigade les a tenu en echec pendant plus de 10 heures.
Les deux chefs de régiment (Col BURNOL et GEOFFROY) des 2°RSA et 2°RSM sont tués et le Col MARC commandant la brigade est blessé puis capturé.
La 3°Brigade de Spahis paye cher cette résistance sans esprit de recul avec plus de 660 officiers et hommes de troupes tués.
Cette bataille constitue également la seule victoire terrestre de l’armée française durant la campagne de mai 1940."
Leur ombre plane encore sur la plaine.....